J’aimerais vous partager les écrits de Myriam Beaugendre, tiré de son livre : « Prendre soin de l’âme ».
Je le dédis à tous mes amis thérapeutes « éclairés » et à tous les consultants qui nous font confiance :
« Un thérapeute qui utilise ses « connaissances subtiles » court le risque d’adopter une posture de toute-puissance : puisqu’il sait quelque chose de l’autre auquel celui-ci n’a pas encore accès, il peut être tenté de lui imposer sa vision, basculant alors dans une posture de gourou ou dans toute autre forme d’emprise. Mais ce qui distingue la position du gourou de celle du psychothérapeute, c’est le désir que l’autre s’accouche de lui-même, et c’est là un garde-fou.
Si j’ai conscience que les informations auxquelles j’ai accès sont des données présentes dans l’autre mais dont il n’a pas encore conscience, la personne qui saura vérifier et valider ces données… c’est l’autre. Je ne peux travailler que dans une alliance avec l’autre, voire en me mettant à son service. C’est ensemble que nous comprenons petit à petit sa souffrance et élaborons autour de sa réalité, de ses aspirations.
Quelle est alors la valeur thérapeutique des informations reçues ? Ce n’est pas parce qu’ils apportent une compréhension que les images ou les insights reçus par le thérapeute soignent, c’est parce qu’ils suscitent une émotion et ouvrent des portes dans l’inconscient.
Mais en se laissant guider par ses visions, en livrant ses images, le thérapeute ne court-il pas le risque de donner des informations issues de son propre inconscient, substituant alors sa pensée et sa problématique à celles du patient ?
Nous n’avons pas peur de la résonance qui crée la rencontre singulière avec le patient, au contraire. Selon lui, le ressort de la thérapie repose sur l’implication émotionnelle du patient et du thérapeute.
Le thérapeute ne peut plus se penser en dehors du système qu’il constitue avec le patient : tous deux en font partie et ce qui est vécu et pensé au cours de la séance est le fruit de leurs interactions conscientes et inconscientes. Le thérapeute joue un rôle actif dans ce que le patient vit, puisque c’est à son contact que ce dernier pense et réagit.
Il faut cependant rappeler ici que l’on ne devient un thérapeute compétent qu’après de nombreuses années de travail personnel. Si l’on est repris en séance par des affects ou des souvenirs propres, au point de les confondre avec ceux qui viennent du patient, il est urgent de se faire superviser ou d’aller refaire un travail sur soi !
De plus, le moment où le thérapeute reçoit des informations ne correspond pas nécessairement à celui où le patient est prêt à les recevoir et les travailler ; le risque serait de court-circuiter le rythme de sa propre élaboration.
Cet écueil peut être évité si le thérapeute mène un travail constant d’observation et de vérification de ses intuitions. Ce qu’il ressent doit rester à l’état d’hypothèses de travail à confirmer. Ses ressentis, images, visions, intuitions, sont à proposer avec une infinie délicatesse : « J’ai l’impression que… », « Est-ce que vous ressentez…? », « Ce qui me vient lorsque vous dites cela, c’est que… ». Autant de formulations permettant de signifier que ce qu’il livre là serait peut-être quelque chose que le patient lui aurait aussi éprouvé, ou qu’il pourrait éprouver s’il se mettait un peu plus à l’écoute de son intériorité.
Quelle que soit la façon dont se construisent les hypothèses de travail, que ce soit par la voie intellectuelle, par l’intuition ou par la transe, il est absolument nécessaire de les vérifier auprès du patient. »